« La perdrix grise. Perdix perdix (L.)
Habitat. Gallinacé propre aux terrains découverts, il fréquente les champs et les prés. Heinroth dit que cet oiseau des steppes est une des espèces qui se sont multipliées surtout à la faveur des cultures de céréales.
Quelles sont les causes de raréfaction ? Une comparaison entre les terres d’Alsace limitrophes de Bâle, où la perdrix abonde, et les champs helvétiques semble révélatrice. Ici, des cultures « exemplaires », chaque lopin est exploité et si, d’aventure, un terrain est vraiment improductif, il est affecté à un sport ou au camping. Quelle différence avec la plaine alsacienne pourtant travaillée avec zèle par les maraîchers et d’une remarquable fécondité ! Partout des jachères couvertes, d’une luxuriante végétation de mauvaises herbes variées, des fossés frangés de roseaux coupant les champs, ici ou là un massif d’épines-noires le long d’un chemin, d’anciennes gravières rompant l’uniformité des cultures. Ce sont justement ces terrains à l’abandon qu’offrent aux perdrix des emplacements pour nicher et une nourriture variée, en particulier pour l’hiver.
Les épines-noires en s’étalant leur fournissent une sûre protection contre l’attaque par surprise des rapaces. Notre agriculture intensive, utilisant le terrain au maximum, est certainement responsable de la disparition des perdrix. Au temps des assolements triennaux, quand on ne connaissait pas encore les engrais artificiels, lorsque les champs restaient en jachère une année sur trois, les perdrix jouissaient de toutes autres conditions d’existence qui leur permettaient aussi bien de nicher que de passer l’hiver. Il est très important de bien comprendre ces faits, bien que leur connaissance ne permette pas de remédier à la situation, car il est, hélas ! presque impossible de revenir en arrière et de renoncer à notre agriculture mécanique intensive. »
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce texte n’est pas l’édito d’une revue de chasse sortie le mois dernier mais le premier paragraphe du « GRAND LIVRE DE LA CHASSE ET DE LA NATURE » publié en 1952 !!!
Et oui, beaucoup d’entre nous sont nostalgiques du passé. Nous avons toujours l’impression qu’il y a dix ans c’était deux fois mieux, qu’il y a vingt-cinq ans il y avait des populations extraordinaires, sans oser imaginer comment cela pouvait être il y a 50 ans…
Sauf que la consultation de cet ouvrage nous montre que la réalité était apparemment toute autre. Les observateurs de la perdrix grise dans les années 50 tenaient presque le même discours que celui que l’on tient en 2010.
De là à dire que rien n’a changé il n’y a qu’un pas. Cependant les suivis réalisés, les comptages et les actions menées par les fédérations des chasseurs et les chasseurs eux-même ont sans doute porté leur fruit. Car, même si le discours est le même aujourd’hui, nous pouvons toujours, les années de bonne reproduction, chasser cet oiseau emblématique des plaines du nord de la France.
Vu le texte ci-dessus, on peut penser que si aucune précaution n’avait été prise les perdrix grises auraient disparues depuis bien longtemps.
Il est donc important de maintenir une gestion stricte de cette espèce, de continuer à l’étudier et d’essayer de trouver des réponses à nos questions afin d’améliorer encore nos connaissances sur cet oiseau.
Globalement, en 2007 dans le Loir et Cher, et ce malgré quelques exceptions locales, les populations de perdrix étaient pratiquement à leur niveau le plus haut depuis 20 ans. Les mauvaises reproductions de 2008 et 2009 ont fait baisser de manière significative ces chiffres, espérons cependant que la bonne reproduction de cette année conjuguée à quelques éléments de réponse apportés par PéGASE permettront de retrouver ces niveaux de population.
« Le Grand Livre de la Chasse et de la Nature » auquel nous avons eu accès a été édité par « Union Européenne d’Editions » – René Kister et Godefroy SCHMID.
Imprimé sur les presses de l’imprimerie WINTERTHOUR S.A. à Winterthour, en Suisse , en 1952.
Ecrit par un collectif d’une trentaine d’auteurs.